lundi 21 avril 2008

Plus poche que posh, tu meurs....

Une fois par an, Mari et moi nous accordons une soirée placée sous le signe de l'élégance et de la gastronomie. Une fois par an donc, nous dînons dans un GRAND restaurant. Quand je dis grand, je ne pense pas aux méga cantines Pizza Hut mais aux restaurants multi étoilés-macaronnés-gaultetmillauté qui jalonnent les quartiers chics de Paris. Ces derniers ne manquent pas à Londres non plus et nous avons décidé cette année de tester la énième enseigne d'Alain Ducasse à l'hôtel Dorchester.

Le problème de ce type de restaurant, c'est que malgré son côté exceptionnel, il faut savoir y faire preuve d'élégance naturelle et se fondre discrètement dans le décor tamisé. Or, force est de constater qu'à trop écumer les gastropubs où l'on noit les frites sous des litres de bière et se faire des plateaux repas devant la téloche, nous perdons un peu l'habitude de sortir dans des endroits un peu chics.

Tout d'abord, il faut s'habiller. Veste de rigueur pour les hommes et tongs interdites pour les dames. Ca commence mal. Mari doit remettre son uniforme de travail en week-end et je suis bien obligée de sortir mes talons, sources fielleuses d'entorses mémorables.

Ensuite, dès que nous passons les portes du restaurant ouvertes avec diligence par une bombe atomique de 1,80 mètres, il faut se contenir pour cacher notre super excitation, éteindre de suite l'appareil photo, soutenir avec aisance un port de duchesse et faire comme si nous étions habitués à ce genre de lieu... limite blasés...

Vient le moment où le serveur nous apporte la carte. Nous déglutissons bruyamment les quelques mignardises avalées goulûment comme si on nous avait pas nourris pendant 2 semaines et commençons assidûment la lecture du menu. Et là, c'est le gag. On comprend rien. Mais alors rien du tout. "Braised Halibut, Young hen and crayfish fricassée, abalone of sea urchin"... J'ai bien repéré qu'il y avait aussi du poulet, du boeuf et de l'agneau mais les assaisonnements décrits avec poésie nous laissent dans l'embarras le plus total. Nous sommes donc obligés de faire appel au maître d'hôtel pour qu'il nous explique ce qui va se retrouver dans notre assiette. Las, ses explications nous éclairent à peine et choisissons par mesure de sécurité le menu dégustation et ses différents 8 plats (on prend moins de risques avec de toutes petites portions....).

Cependant, à peine avons-nous eu le temps de souffler avec soulagement que Maître Sommelier nous apporte... la carte des vins... Holalalala... j'ai compté... 31 pages. Oui, oui. 31 pages parmi lesquelles il va falloir choisir LE vin qui va s'accorder à nos plats. A part le sancerre blanc et les vins d'Alsace, honnêtement, je n'y connais rien... Mari non plus... C'est reparti... Nous pointons discrètement le doigt en l'air en fixant désespérément le dit sommelier qui se trouve à l'autre bout de la salle pour qu'il vienne à notre rescousse... Or, comment expliquer à ce brave monsieur que ces conseils forts avisés ne doivent pas dépasser une certaine limite budgétaire sans passer pour des ploucs?? Nous finissons par acquiescer niaisement sur une bouteille dont je tairai le prix par décence.

La ronde des plats commence et un festival de saveurs explose dans nos papilles. Un délice. Nous nous extasions à chaque bouchée (pleine) : "Chroumph. Chroumph. Ch'est une tuerie cheu machin! Ch'est quoi déjà?". Conscient qu'il a à faire à de fins grastronomes, le serveur ne manque pas de venir s'enquérir de notre estomac tous les quarts d'heure... "Everything is all right?" "Echêêêllent! Chank you!".


Nous gardons notre dignité tout au long du repas en lorgnant très discrètement sur les assiettes de nos voisins, mais au bout du 5ème plat, le verdict tombe déjà.

Mari : "Pfiou... Normalement, un bon vin, tu dois pas le sentir passer..."

Zaza : " M'en parle pas... Je crois que je suis déjà bourrée..."

Mari : "Pareil"

Zaza : "En plus, il faut que j'aille aux toilettes... C'est où?"

Mari : "..."

Zaza : " 'Tain! T'es un vrai lâcheur toi!"


Je me dresse sur mes talons en priant le ciel de ne pas me gauffrer sur un serveur et m'enquérit de l'endroit où on se lave les mains après avoir fait popo... "Alors, vous sortez sur votre droite, après 40 mètres, vous tournez sur votre gauche, puis vous descendez quelques escaliers et ce sera la 3ème porte à droite" me répond l'hôtesse avec un large sourire. Impossible de reculer, va falloir que je me tape tout le hall de l'hôtel sans que mon ébriété se voit.... Hin, hin, hin...

Comme deux pochetrons, nous terminons notre menu dégustation en riant grassement; Mari vérifie au moins pendant 10 minutes l'addition avant de lâcher la CB au serveur qui attend dans son dos et nous ne manquons pas de nous engueuler sur qui doit remplir la fiche d'évaluation donnée en fin de repas. De vrais ploucs.

J'ai toujours l'impression que, malgré tous nos efforts que nous déployons pour nous tenir correctement, nous donnons l'impression de 2 pavés balancés dans de la soupe au caviar; mais ces grands restaurants sont avant tout un hymne à la gloire de la bonne bouffe et nous préférons en jouir avec une délectation outrancière.

Ripaillons amis lecteurs malgré l'ivresse et promis, l'année prochaine, je fais péter l'appareil photo pour vous faire partager ce qu'il y aura dans mon assiette!

1 commentaire:

  1. Je suis raide dingue du restaurant Kauffman Knightsbridege . On y allait "régulièrement" (en profitant de réductions sur bookatable of course), genre tous les 2 mois puis on s'est forcé à aller voir d'autres restaurants; mais pour le moment aucun n'a jamais atteint ce niveau et certains étaient même plus chers (avec toujours les réductions de bookatable). En même temps à Londres si tu veux bien manger, tu vas dans un restau étoilé.

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et glouglou