mardi 21 octobre 2014

The Wall of Shame

J'adore mes enfants.

Mais voyez-vous, parfois, ils me font tellement honte que j'ai envie de prendre une pelle pour creuser un trou assez profond pour y plonger mon corps pétrifié par l'embarras.

Oui, parce qu'éduquer des mômes, c'est se transformer en disque rayé. On a beau leur répéter 10 fois par jour qu'il faut dire le sacro-saint "Bonjour - steuplé - merci - au revoir" et bien, la plupart du temps, lorsqu'on se retrouve en public, ils deviennent complètement débiles. 

Personnellement, lorsque je sors les enfants et que l'on croise des personnes extérieures, j'ai toujours ce petit moment d'angoisse les premières minutes : "Vont-ils appliquer automatiquement ce que je me tue à leur apprendre quotidiennement? Vont-ils faire preuve d'un minimum de politesse sans que j'ai à leur rappeler ces simples règles en public?"

En gros, vont-ils faire bonne impression? 

C'est un peu comme un crash test qui foire 1 fois sur 2. Et 1 fois sur 2, on se retrouve à s'excuser platement, gênés, conscients d'avoir bien foiré l'éducation de notre progéniture. 1 fois sur l'autre, on attend au taquet le soupçon d'un simple bonjour avant de se relaxer, fiers d'avoir réussi après des mois, des années de règles répétées inlassablement.


c Françoise de Guibert


Je sais pas pour vous, mais moi, ça me stresse. 

Ca peut paraître complètement superficiel comme réflexion mais si on se casse le cul à les éduquer entre les 4 murs de notre maison, c'est bien pour, un jour, les lâcher dans le monde extérieur en toute sérénité, confortés dans l'illusion que oui, nous leur avons inculqué suffisamment de savoir-vivre pour être à l'aise en société. Petit animal devient ainsi petit être social.

Mais c'est un travail de longue haleine mais de nos jours, il faut bien l'admettre, on fait preuve d'une plus grande tolérance à l'égard des enfants. Je ne suis pas sûre que ça leur rende service…. Il y a certes des enfants pour lesquels la vie en société est un véritable challenge que leurs vaillants parents acceptent à bras le corps.

Mais pour les autres?

Alors que nos ancêtres pratiquaient sans vergogne la fessée en public et les remontrances humiliantes, nous avons inventé toutes sortes d'excuses pour justifier leur mauvais comportement. 

1. "Il est fatigué". Grand classique qui fonctionne parfaitement bien de 0 à 10 ans. Il est fatigué, donc tu comprends, ça le rend nerveux et quand il est nerveux, il est comme ça (en train de faire chier tout le monde en criant).

2. "Il est énergique, il a besoin de se dépenser". A croire qu'on l'a mis en camisole pendant 48h sans bouger et qu'enfin, il peut défouler tout son petit corps et foutre du gros bordel. En particulier chez les autres, c'est plus rigolo.

3. "Il est timide". Donc il dit pas bonjour, pas au revoir, il reste scotché à ta cuisse comme de la mauvaise cellulite même si tu lui mets des coups de pied pour qu'il aille jouer avec les autres enfants (cas 1 et 2, on peut à la rigueur le comprendre).

4. "Il est frustré de - au choix - pas avoir eu le cadeau qu'il voulait/pas pu jouer à l'Ipad pendant 4 heures/pas pu inviter ses 12 copains en playdate". Un simple Non de la part des parents et on se retrouve avec un troll qui fait la gueule à tout le monde. Nice.

5. "Il aime pas ta bouffe". Et pourtant, tu t'es fait chier à faire un Gâteau Magique...

Bref, il existe d'autres variantes où on implique des notions de gestion d'émotions qui nous transforment, nous parents, en psychologues de comptoir. On cherche souvent chez l'enfant des explications parfois rocambolesques alors qu'en fait, le problème doit peut-être venir de nous.

Quand mes nains se comportent mal en public, Mari et moi sommes rarement synchrones sur les réactions à avoir. Je suis le gant de velours (ie je pioche au hasard parmi les excuses sus-citées) et lui le bâton moral (paf - au coin/on rentre). En gros, on s'engueule en public sur la façon d'éduquer nos mômes et les enfants se retrouvent ballotés entre deux abrutis qui n'arrivent pas à se mettre d'accord. "Royal au bar, on peut faire n'importe quoi, les deux débiles ont déjà commencé à se crier dessus!! Putain on est trop fort".

Cependant, je me dis que nous nous mettons une pression trop forte, que ce ne sont que des enfants et qu'à et âge, on a le droit d'être libre de dire et faire ce qu'on veut, c'est tellement jouissif de faire des conneries sans prendre le risque de se faire virer ou de subir l'opprobre générale! Bref, pratiquer sans honte le laissez-pisser dans l'indifférence générale.


Mais bon, les enfants, c'est vraiment difficile de faire preuve d'un peu de politesse? Bordel de merde...

5 commentaires:

  1. Hahaha ! Il m'arrive de combiner 1 et 3 au cours de la même conversation ; c'est dire le trou que je dois creuser ;-)

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  2. Ha j'ai les memes! Et quand par chance ils sont avenants ils se croient obliges d'accompagner le bonjour d'un commentaire ou d'une question deplacee, toujours dans la langue de l'interlocuteur pour eviter un malentendu - ce serait dommage. Et la je retombe sur les excuses 1 et 3, qui fonctionnent moyen a partir de 6 ans je trouve...

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  3. alors moi je ne me suis jamais gênée pour leur dire "vous n'avez rien oublié?" ou "je crois que vous avez oublié de dire bonjour" ou de les appeler s'ils jouaient un peu plus loin sans se déplacer "venez dire bonjour" sans m'énerver mais ils n'y coupaient pas... seul l'aîné se cachait derrière moi sans vouloir dire bonjour par timidité jusque ... 5 ans ! ça m'énervait mais je ne voulais pas le bloquer alors j'ai un peu usé le "il est trop timide" ce qui se voyait franchement et puis ça s'est passé tout seul... désolée mais le "fatigué" "frustré" "énergique" ou pire mouhaha "il aime pas la bouffe" : aucune chance que ça passe avec moi... sans aller jusqu'au "paf au coin et on rentre" quand même :) et même encore aujourd'hui quand je vois certains enfants d'amis ne toujours pas dire bonjour ça me fait bouillir et j'ai envie de leur dire "tu dis pas bonjour" ? je trouve ça d'une impolitesse crasse ... COURAGE ne baisse pas les bras supermom

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  4. T'inquiète ! Au printemps j'ai pris les gosses dont j'ai la charge, déficients intellectuels & troubles du comportement, pour qu'ils voient la mer dans un bled en Normandie. Ils ont dix ans. Et ça donnait : ta gueule Daniel, tu nous fait chier, la mer on s'en bat les couilles, enculé!
    Je ne te dis pas le look qu'on avait dans les rue du bled et les réactions étonnées des indigènes....

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et glouglou