mardi 29 janvier 2013

My new best friend

La vie est tout de même drôlement faite.

La semaine dernière, j'ai en effet écrit un article geignard sur mes impasses existentielles. A peine eu-je publié ce post et m'apprêtais à engloutir un paquet de chips devant une daube télévisuelle dans un engrenage de loser, que mon téléphone se mit à sonner joyeusement.

"Numéro masqué"... 

Au bout du fil, ce n'est ni Mari qui vient s'enquérir de mon agenda ("qu'est-ce tu fous là Pute??!!"), ni ma mère qui se plaint de ne pas avoir de nouvelles ("tu ne m'appelles jââââââmâââââiiiis, fille ingrate!!"), ni l'école qui me demande de venir chercher les Nains ("Votre Nain a truc coincé dans la gorge, Mère Indigne..."), ni un sales representant appelant de Calcultta pour me vendre des solutions financières/informatiques/téléphoniques ("Hello Miss, we wuld like to intoroduce you ourrrr niew produuux").

Non, rien de tout cela... Au bout du fil, c'est Tim.

Tim, je ne le connais pas mais pendant nos 15 minutes de conversation téléphonique, il va devenir mon meilleur ami, mon BFF, le seul qui me comprenne en ce bas monde. Parce que Tim, il travaille pour une boîte de recrutement et il a totalement flashé sur mon cv que j'avais remis à jour sur Monster 2 jours plus tôt et qu'il s'est dit que je serai la candidate idéale pour un poste à court terme (le paradis pour toute maman) pour organiser des événements pour une multinationale qui l'a plein de pognon.

Cependant, quand on a un anglais approximatif comme le mien et qu'on ne s'attend pas à recevoir l'appel d'un recruteur, c'est qu'on finit vite par cafouiller. Les 10 premières minutes, j'arrive à faire illusion avec mon CV de ouf bourré d'"excellent skills", "self-confidence" et "teamplayer machin chose".

Laaaas, cet état de grâce s'arrête net quand il me pose une question à laquelle je suis incapable de répondre. Non pas parce que la réponse demande réflexion, mais parce que je n'ai AB-SO-LU-MENT rien pigé à ce qu'il vient de me dire.... 30 secondes de blanc (interminables) pendant lesquelles j'oscille entre :
- "Hein? What? Vous avez dit quoi là?"
et le :
- "Bbrrzzzzz.... Sorry, ma ligne est mauvaise, bbbrrzzzzz, je n'ai pas entendu la fin de votre phrase!"

Mais Tim, comme c'est mon meilleur ami, il est super compréhensif, il est troooop chou et on convient d'un rendez-vous le mardi suivant. Génial, j'ai tout le week-end pour me remettre dans le bain et monter un gros pipeau à 4 mains sur mes capacités à reprendre le travail après des mois de chômage "forcé", tout en gardant une vie familiale stable et organisée.

Le mardi suivant, j'arrive donc au bureau de Tim... J'avais déjà arpenté les planchers de différentes boites de recrutement lors de ma première vie à Londres mais là, je suis éblouie...

Hôtesses d'accueil souriantes, moquette rouge, toilettes propres et parfumées, on me tend un formulaire à remplir, un stylo en or et on m'installe dans une petite salle avec une coupe de champagne et un (très) jeune masseur italien répondant au doux nom de Massimo... Je suis au bord de faire dans ma culotte...

10 minutes plus tard, Tim arrive dans la salle, me salue et scrute le formulaire que je n'avais pas fini de remplir (la faute à Massimo plus qu'à mon piètre niveau d'anglais).

Je passe dès le départ pour une demeurée, je sens que ça va être long... très long... Mais au bout de 30 minutes, tout est dit, j'ai souri, transpiré, j'ai pris des notes, ultra motivée!

Depuis? Bah rien. Tim, il m'a pas rappelée, c'est plus mon copain, il me fait sûrement grave la tronche. Mais que nenni, au diable le moral à zéro, si j'ai réussi à en éblouir un, il n'y a aucune raison pour que d'autres ne tombent pas aussi en pâmoison sur mon merveilleux CV! J'ai donc répondu à plein d'offres au sens large du terme, j'ai brassé tous les mots clés, envoyé mes jolies lettres de motivation en espérant de me faire d'autres nouveaux meilleurs amis!

Question? Ai-je vraiment envie de travailler? 
Réponse : Oui et non.

Oui. Pour épauler Mari qui rêve que je l'entretienne (ma p'tite pute à moi) et mettre des sous de côté pour acheter un endroit où vivre des jours heureux.
Oui pour me dire que ma vie active ne s'est pas arrêtée le jour où j'ai mis bas dans la douleur, les cris et le placenta qui vole dans la salle d'accouchement.
Oui parce que j'ai aussi envie de partir en vacances avec mon homme et mes nains quand j'en ai envie.
Oui parce que j'ai peur de déprimer et affronter le regard des autres.

Non. Parce que j'aime trop les Nains. Eux pourtant, je ne sais pas s'ils ont vraiment besoin de moi : ils vont à l'école, ils sont heureux, ils ont de quoi bouffer et rire tous les jours et ils parleront anglais mieux que moi... Je crois que c'est plutôt moi qui ai besoin de les sentir, les voir grandir, les aimer inconditionnellement comme les gronder violemment. 
Non, parce que mon monde, c'est le leur et je n'ai pas honte de le dire, car moi, je suis le sel de leur vie.
Non, parce que je veux donner à mes enfants ce qui m'a été refusé quand j'avais leur âge même si je suis loin d'être une mère parfaite (mais alors genre très très très loooooooin!).

Conclusion : je prendrai ce qu'on m'offre et je donnerai ce que je peux.


PS : Tim, j'ai bien compris que tu voulais plus me parler, mais j'en ai rien à branler parce que je me suis fait un nouveau meilleur copain, c'est L'Express Top Blogs Stylés  qui a publié mon interview le lendemain de notre rendez-vous! Et PAN!

19 commentaires:

  1. merci pour ce poste Zaza :) tu as exactement résumé ma pensée, oui j'ai envie de bosser et en même temps non je n'ai pas envie! ça fait du bien! thank you my friend :) (même si je n'ai toujours pas résolu le problème de ce que je vais faire durant mes 3 ou 4 années d'expat), reflexion en cours, en tout cas je passe toujours de super moments à te lire, merci!
    PS: j'ai adoré ton intervieuw

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    1. le temps que tu trouves la réponse, tes années d'expat seront déjà écoulées ;)

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  2. Contente de voir que tu as retrouvé la patate!!!

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  3. Eh oui c'est un peu mon soucis à l'étranger. En France j'adoooooorais bosser (les 35h, 5 semaines de congés par an, l'école qui fini à 16h30...tu ne te sens pas coupable pour la garderie....). Donc tu profites de tes enfants tout en étant épanouie avec une vie professionnelle. Ah oui parce qu'entre tu "produis" quand même. Et là, tu arrives aux US et l'école fini à 2h30 et tu comprends que tu auras 2 semaines de congés par an (gloups....). Donc oui j'ai aussi mis au monde dans la douleur....mais non ne suis pas prête à avoir un temps complet, aux US, pour ne pas voir grandir mes enfants qui finiront par se demander "qui s'est celle là?". Certaines y arrivent, bravo moi je ne peux pas. Et pourtant il y a des jours où je me dis que c'était vraiment plus facile de travailler que de les éduquer...Ou alors je n'ai pas le choix non plus puisque sous visa donc pas possible de travailler. Bah, je profite!

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    1. Profite bien en te disant que cela ne va peut être pas durer ;)

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  4. Je vois que je ne suis pas le seul mari qui rêve de se faire entretenir par sa femme :p! Blague à part, il faut voir ce qu'il se présente et y aller au feeling.

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    1. Les hommes au foyer, c'est tendance, surtout aux US où parfois, ce sont les maris qui ont du suivre leur épouse, j'adore le concept en tout cas!

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  5. Chouette un post ! Quelle cadence ! Bon, je comprends tout à fait tes états d'âme concernant les nains. Je travaille dans un pays (la Suisse) où il n'y a ni 35 heures ni RTT (bon, comme je suis française, j'ai réussi à grater une 5ème semaine de congés....) et je passe quand même à côté de mes nains même si mes week-ends leur sont exclusivement réservés (quand je ne bosse pas.....). La seule compensation : c'est mon mari qui est à la maison et s'occupe de tout, et surtout d'eux.....

    Problème : si tu travailles, tu posteras encore moins...... et je pourrai me brosser pour avoir ce fameux post sur le vouvoiement......


    Continue à nous faire rire..........

    Sandrine et les 3 nains

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    1. Hahaha! Tu viens de me donner le sujet de mon prochain post! Merci sandrine!

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  6. Comment direee.....tout pareil !!
    Je suis expatriée moins loin (Marseille) et pourtant mêmes états d'âme : bosser et finir à 19h quand tout va bien, rentrer stressée et crevée mais indépendante financièrement et voir épanouie professionnellement (mais ça je n'y crois plus beaucoup) ou ne pas bosser et profiter de mes nains, avoir la complicité de la proximité (oui oui, plus que quand on bosse. Je le sais avant je bossais) et des petites habitudes quotidiennes que finalement j'adore, avoir le temps de faire les choses mais quémander mes 3 euros pour acheter la baguette (plus compliqué pour les 200€ pour la paire de bottes...), être totalement dépendante et vivre beaucoup au travers des autres, et être un être décérébré puisque qu'inactive (aux yeux de beaucoup faut pas se leurrer.

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    1. Oui, en France, les femmes qui restent à la maison sont encore vues comme des glandues sans cervelle. je trouve ça dur et injuste mais bon....

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  7. Pourquoi ne pas en profiter pour quelques cours d'anglais histoire de valider un niveau progresser et pi te rassurer, et mettre à profit ta créativité sur des trucs que tu aimes plus particulièrement, au hasard hein... écrire un bouquin, coaching de nains... développer un atelier massages, etc... j'dis ça mais pas si simple, tu as envie de quoi toi vraiment tout au fond de toi je parle activités/investissement/passion ?

    j'ai un peu d'avance sur toi? avec le recul, pour les mômes une chose est sure, ils ont leur propre vie, activités et de plus en plus en grandissant... et ils ont besoin de toi comment en douter, même s'il faut être super dispo, ce sacrifice, qui n'en est pas un, en réalité, c'est beaucoup d'amour donné comme ça sans attente en retour, avec rires et câlins spontanés, c'est la vraie vie ça... et malgré tout ce n'est plus si enrichissant dans tous les sens du terme.

    Trotte surement en toi l'idée d'anticiper la séparation d'avec tes bientôt futurs pré-ados,c'est très sensitif, voire prévoyant, tu n'es pas loin d'être prête à travailler, et de monter de jolis projets communs. Maison, roulotte, que sais-je.
    Veronica
    (j'ai une copine à NY (expat'depuis 3ans)laquelle fait de la création de céramiques artistiques (c'est son truc) elle monte en 2013 son site de vente en ligne aussi.
    pas de pub, c'est juste que l'idée est pas mal)



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    1. Merci pour ton message! Il faut surtout redonner un coup de fouet à son amour-propre que le statut de mère au foyer fout en l'air!

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  8. C'est finalement le souci de bien des femmes. On a beau vouloir travailler, être indépendante, s'épanouir au travail, tout ça tout ça, et ben les momes ça change toute la donne ! Profites de tes moments privilégiés avec eux et advienne que pourra !

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  9. Comme je comprends tes oui et tes non ... Ca me bouffe la vie depuis des lustres ...
    Tiens nous au courant !

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  10. Tout pareil.
    J'ai quitté le Sud, abandonné mon taff de force pour aller dans le Nord (ouais, je sais c'est dingue). Sans famille, un mari toujours parti aux 4 coins du monde et 2 Nains à élever, éduquer, nourrir, blanchir, véhiculer, etc... bref, j'ai donc décidé de ne pas rebosser dans l'immédiat. Puis le temps passe, les Nains grandissent et même Ado (pour l'ainé) ils ont toujours besoin de nous, surtout quand on habite en région rurale et que par conséquent le métro n'est pas encore proposé comme moyen de transport et que les bus sont ce qu'ils sont, par exemple. Oui, c'est un manque à gagner. Oui, il a fallu faire des sacrifices financiers, oui la FAF (femme au foyer) n'est pas considérée, oui tu te grilles professionnellement en restant trop longtemps sans bosser, oui parfois c'est lourd. Maintenant qu'ils sont plus grands, j'ai repris un boulot, mais à mi-temps. J'ai choisi mes jours et mes horaires de travail (à prendre ou à laisser) et je crois que le mi-temps est la bonne solution. Par contre, jamais je ne regrette d'avoir pris du temps pour mes momes, le temps passé avec eux est du bonheur en barre. Je n'ai pas vu les premières années de mon fils, je bossais et je le regrette terriblement, puisque j'ai vu les premières années de ma fille et je sais ce que j'ai perdu avec l'ainé.
    Voilà mon humble expérience :-)

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  11. mais qui est cet employeur modèle qui permet un mi-temps à la carte ?

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et glouglou