jeudi 26 juin 2008

Cas de Force Majeure

En tant que Femme au Foyer, on peut aisément penser que j'ai beaucoup de temps libre.

Bien entendu, vous trouverez toujours des non-parents bienveillants et enthousiastes pour clamer avec vigueur que Oui, être Maman Full-Time, c'est du boulot, alors qu'au fond d'eux-mêmes, ils n'en sont que mollement persuadés... En effet, je ne suis pas obligée de passer des heures collée à un ordinateur pour remplir des objectifs qu'un chefaillon tendance nazillard me collerait sur le dos.


Or, le Temps Libre, de manière absolue, ca consiste en quoi?


Selon son caractère ou ses goûts, les façons de combler son temps libre sont nombreuses : glander au lit avec un bon bouquin ou tout simplement y rêvasser, faire de longues ballades agrémentées de pause cappuccinos sur un banc constellé de crottes de pigeon, mater les rediffusions de la Nouvelle Star, arpenter les magasins aux heures de pointe; certains poussent même le vice à organiser des sorties culturelles ou ... faire du sport... Chacun son truc...

Ca, mes cocos, c'est du temps libre : le genre de trucs que vous, braves travailleurs sans enfants, faites le week-end ou les jours bénis de RTT.

Avant l'arrivée de Nain, Mari et moi avions une très haute conception de la façon de profiter de nos week-ends. Applatis comme des étoiles de mer au fond de notre lit, nous pouvions passer des heures à lire des BD, jouer à la PS2, faire mumuse avec Internet, tout ça sans mettre le nez dehors... Sauf en cas de force majeure... En effet, nous devions parfois nous extirper de notre antre malodorante pour remplir notre estomac, acheter des clopes et avoir un semblant de vie sociale. Et puis un jour, Nain est arrivé dans notre vie et a pris place dans notre caverne : "Bienvenue Young Padawan, tu vas découvrir avec tes parents, l'Art Ultime de la Glande".

Or, le problème des enfants, c'est qu'ils sont incapables de glander... J'ai même parfois l'impression que Nain gobe des acides en douce : de 8h00 à 20h00, c'est du non-stop.

Pour bouffer son temps d'énergie (et par là-même user le mien), je l'ai donc inscrit à plusieurs ateliers : Foot (http://www.kiddikicks.co.uk/), Piscine (http://www.aquababies-uk.com/), Stimulation en Groupe (http://www.crechendo.com/), sans compter les ateliers musique à l'église et la Crèche Multi-Culturelle (http://www.lloydwilliamsonschools.co.uk/). Ca, c'est pour mes petites camarades londoniennes en manque d'inspiration pour occuper leurs mouflets...

Et bien malgré tout, ces activités ne sont pas suffisantes... Et vas-y que je fais de la trotinette pendant 1h00, que je fais 47 fois le tour du même arbre, que je me tape des sprints, que je saute à pied joints dans les flaques, que je colle des roustes aux copains, que je m'entraîne au lancer de poids avec tout ce qui traîne, que je me vautre, que je me relève, tout ça en poussant des cris.

Et le problème, c'est que :

1. On ne peut pas laisser un enfant de 2 ans faire ça sans surveillance : faut lui coller légèrement aux basques si on ne veut pas qu'une catastrophe arrive et qu'on se retrouve lapidée au parc par des mères indignées.
2. On ne peut pas non plus laisser un enfant s'ennuyer... C'est trop glauque à regarder...

J'ai pourtant maintes fois essayé de lui apprendre la délectation pure de rester pépère sans rien faire...

Zaza (2 de tension) : "Dis-moaaaa, tu veux pas lire une petite histoire avec maman, là , dans le lit?"

Nain (shooté) :"Nan-nan, vélo, vélo, train, train, voiture, car"

Zaza (chantage affectif) : "Et un petit câlin avec maman, tout doux-tout gentil, ça te dit pas?"

Nain (high) :"Nénette Parc"

Zaza (sursaut): "Quoi??? tu veux retourner faire de la trotinette au Parc??!! Mais on a déjà passé 1h00 au parc ce matin? Tu préfères pas jouer tranquillou avec TON train dans TA chambre au lieu de ME faire ch.....aud au coeur?"

Nain (dans le cosmos) : "NENETTE PARC!!!!"


Je referme mon livre avec rage et dois lever mon gros derrière si bien installé dans le canapé pour me retaper une sortie ultime au parc où je vais, une fois de plus, traîner de la patte derrière un missile. Car voyez-vous, avoir un enfant, c'est vivre avec un Cas de Force Majeure qui m'éloigne au fur et à mesure de mon Temps Libre.

Dieu Merci, Télévision est là pour neutraliser le CFM sus-cité...

dimanche 22 juin 2008

Investigations

Je viens de me plonger avec délectation dans la lecture de la fameuse trilogie "Millenium" : un bon polar issu de la patrie d'Abba (Amen...) où les gentils sont très très intelligents et les méchants très très tordus. Donc, les très très gentils démasquent les plans foireux des très très méchants en menant des investigations poussées et en faisant subir des interrogatoires menés avec brio (et sans violence surtout hein?) aux moyens méchants.

Ce dernier point me fait d'autant plus sourire que je suis moi-même l'objet d'interrogatoires quotidiens.

N'allez pas croire que je mène une double vie de psychopathe (même si certains jours, on frôle l'infanticide). Non, j'ai une vie pépère à la maison avec Nain, les copines et mon Vaio, mon emploi du temps reste assez figé et les jours s'égrainent ainsi tranquillement sans qu'on vienne m'emmerder.

Et pourtant, TOUS les jours, Mari m'appelle pour connaître l'exacte composition de mes journées. Pire que ça : il me trace. Je ne répond pas sur la ligne fixe? Dring dring, la seconde d'après mon portable sonne. Je ne répond pas sur mon portable? Glop glop. Petit message instantané sur Skype (remarquez, maintenant, je lui ai interdit d'utiliser ce logiciel de malheur). Je ne répond pas sur Skype? Retour à la case départ, puis solution ultime : il appelle sur le portable des copines... (Petit Voisin Chéri fait ça aussi!).

Difficile d'échapper à sa traque, il finit toujours par me joindre et il finit donc TOUS les jours à m'imposer son interrogatoire.

Mari : "T'es où?" Indice de lieu

Zaza : "Dehors"

Mari : "Et tu fais quoi là?" Indice d'action

zaza : "Ben je marche"

Mari : "Tu es avec ton fils?" Recherche d'alibi

Zaza : "Soupir. Il est 16h00, tu sais très bien que ton fils ne va pas à la crèche aujourd'hui, donc oui, je suis avec ton fils"

Mari : "Il va bien?" Insinuation 1

Zaza : "Soupir. Je n'ai pas encore décidé de lui amputer les bras pour qu'il arrête de balancer tous ses jouets, donc oui, il s'est bien éclaté ce matin"

Mari : "Et... il a bien déjeuné?" Recherche d'éléments annexes

Zaza : "Soupir. Ecoute, tous les jours, c'est jambon-coquillettes, ca plante jamais donc OUI, il a bien déjeuné!"

Mari : "Et après? Il a fait une sieste?" Commencer à mettre un peu la pression

Zaza : "Boarf... Pas vraiment mais il est resté tranquille..."

Mari : "Hoo, pauv bébé! Réaction empathique pas du tout professionnelle. Et vous allez où comme ça?" Indice de direction

Zaza : "Dans ton c...!!"

Et là, voilà, je perd mes moyens. Je craque. Si jamais je devais passer un interrogatoire dans une affaire quelconque, j'irai direct en Salle de Relaxation avec des matelas collés au mur. Je sais que Mari est très soucieux de savoir ce que nous faisons de nos journées et il attend une réponse directe et précise à toutes les questions qu'il me pose. Je ne collabore que mollement...

Mari : "Je t'emmerde là non?" Question pertinente

Zaza : "Maiiis nooon! Mais on se voit dans exactement 3h30, d'ici là, le monde ne va pas s'écrouler, nous ne vivons pas dans une zone dangereuse avec des sadiques à tous les coins de rue, ton fils et moi sommes en parfaite santé, donc arrête de m'appeler pour me poser toujours les mêmes questions!"

Mari : "Mouais. OK". Coupable. Coupable. Coupable.

Bref, Super Investigateur raccroche et mon corps stressé tremble de toutes parts. J'ai perdu mon sang-froid et j'attend avec angoisse le soir où il rentrera avec des menottes.

Parce que là, je sens que je vais passer un sale quart d'heure...

jeudi 19 juin 2008

Happy Birthdays

Aujourd'hui, Grand Frère m'a flanqué 1 gros coup de taser via Skype... enfin... plutôt 2...

Grand Frère : "Ben aloors?? Zazainlondon?? La dinde? Une seule entrée pour le mois de Juin!!"

Zaza : "Ch'uis débordée"...
Délectez-vous de ce pieu mensonge... Devoir avouer que l'arrivée du Printemps a fait pousser le poil que j'ai dans la main en un magnifique sequoia n'est pas mon genre. Non non non. Je préfère de loin fabuler sur une vie trépidante que d'admettre être une énorme feignasse.

Grand Frère : " Ouais. T'as même oublié mon anniversaire! Magnifique..."
Rrraaa, il m'a grillée!! Damned! Mon frère n'ayant pas moins de 6 soeurs, je pensais me planquer en douce derrière les nombreux appels qu'il a du avoir...

Zaza : "Heuu.. je t'ai envoyé un texto!"
Et pan. Le coup du sms envoyé en lousedé, ça marche à tous les coups.

Grand Frère : "Le 18 tu l'as envoyé! Pas le 17!"
Ben dis donc il s'arrange pas avec l'âge le frérot. Voilà qu'il scrute son calendrier comme une mémé...

Grand Frère : "Ton cadeau, ca sera une entrée (caustique et ironique) dans ton blog!"
Ca, je sais ce que ca veut dire... Ca veut dire : "Tu seras bien gentille de pas m'offrir une merde comme les rares années où tu as pensé à mon anniversaire. Je préfère de loin lire tes âneries que d'être obligé de m'extasier de bonheur devant un T-shirt moulant avec un chien dessus!". Oui, car ce n'est un secret pour personne, Grand Frère a un amour immodéré pour les chiens, même les plus repoussants... Je vous le dis, il s'arrange vraiment pas avec l'âge.

Donc, au final, me revoilà devant mon blog que j'ai honteusement abandonné durant quelques semaines, tout ça pour satisfaire les exigences du Dommage Collatéral (je parle de Grand Frère).

Personnellement, j'adore les anniversaires. Ils sont sans surprise et j'aime ça.

Premièrement, ça tombe toujours à la même date. C'est assez pratique de savoir que 1 jour par an, je serai le sujet de toutes les attentions ("Oubliez surtout pas l'anniversaire de zaza, elle va piquer une crise sinon!!").

Deuxièment, c'est quand même sympa de recevoir des cadeaux chaque année alors qu'on s'est juste donné la peine de naître. C'est toujours avec fébrilité que j'ouvre les cadeaux de ma Mère, elle ne se plante jamais : dans le lot, je sais que je trouverai une théière en forme de cochon, un petit top de chez Zara taille 42 ("Ohhh, je me suis encore trompée de taille??! Tu fais du 38??! Ha bon...") et un petit collier en toc "mais têêêêllement ravissant". Mais, cette année, j'ai aussi eu droit à un plateau de service en plastique représentant un cerf (??) entouré de feuillages (???). "C'est pour servir le thé. Comme tu habites à Londres, tu dois boire du thé non?". Décidemment, j'aime pas les surprises.

Troisièmement, ça permet aux amis de se rappeler à votre bon souvenir. "Ouais zaza, happy birthday! Tu noteras que le mien c'est dans 3 semaines hein?". Je note, je note. Puis j'oublie, j'oublie. A moins d'avoir Oultook greffé dans le cerveau, il est impossible de se rappeler des anniversaires de toutes les personnes qui composent votre nébuleuse sociale et familiale. Et puis surtout... ça fait moins de cadeaux à faire.

Mais j'y pense, Nain va fêter ses 3 ans au mois de septembre et j'ai cru comprendre que je devais lui organiser un anniversaire, pour compléter l'album souvenir. J'ai toujours fêté son anniversaire en petit comité (Moi, Mari, Nain), j'aime bien l'intimité et rien que l'idée d'avoir 15 enfants à la maison qui jouent au concours de "celui-qui-fera-la-meilleure-imitation-de-la-réincarnation-de-Lucifer-sur-Terre" me flanque une frousse pas possible.

Mais là, pas moyen d'y échapper, il va comprendre qu'il y a un truc qui cloche et j'ai surtout pas envie qu'il vienne me voir un jour, avec son regard abattu en me sortant "Dis-moi Maman, pourquoi j'ai jamais eu d'anniversaire avec mes copains?"... "Mmmm... Parce que Maman, ça la gonfle??" Non, non, non... Je peux pas faire ça. Allez, les amis, je l'annonce haut et fort, rendez-vous à Hyde Park mi-septembre. Venez avec vos marmots, y'aura des ballons, des smarties, du champagne et je vais bien réussir à trouver un clown-jongleur pour faire peur aux enfants!!

PS : Oubliez pas les cadeaux...



Comme vous pouvez le constater, Grand Frère maîtrise mieux l'expression extatique de

La Joie de Recevoir un Cadeau

jeudi 5 juin 2008

Enfant, entends la voix du Seigneur

Notre séjour parisien s'est achevé en beauté par le très émouvant mariage de 2 de nos énergumènes qui forment notre joyeuse bande londonienne.

Rassurez-vous, je ne ferai pas de laïus cyniques sur les serviettes qui tournent, les discours interminables, le DJ qui ne passe que des remix, les nymphomanes (filles comme garçons) qui allument sans beaucoup de discernement ou les videurs qui sont obligés de raccompagner, à coups de pied au cul, les 20 derniers alcoolos qui ne se décident pas à déskotcher du bar. Je tiens cependant à passer un petit message au directeur du Jardin d'Acclimatation où s'est déroulé le mariage : nous offrir la possibilité d'organiser des fêtes dans un endroit aussi magique est certes très louable, mais tout de même... c'est complètement inconscient de laisser vos pauvres animaux à la merci d'une bande d'ivrognes lobotomisés...

Mais revenons à nos moutons....

Ce mariage était également l'occasion pour nous d'assister pour la toute première fois à une messe oecuménique: je ne ferai pas plus longtemps étalage de mon inculture mais pour ceux dont le cerveau s'apparente à une quiche, il s'agissait d'un mariage protestant. Comme vous le savez, Nain n'est toujours pas baptisé. C'est Mari qui organise. Moi, je me contente de ricaner bêtement dans mon coin.

Nous avons tout de même souhaité l'emmener : "45 minutes max les cocos!" nous avait promis le marié. Mouais, ca devrait aller : 2 compotes, 2 paquets de gâteaux, un peu d'eau et Mari en back-up, je peux facilement neutraliser Nain pendant plus d'1/2 heure. Parce que avouons-le, des enfants qui braillent pendant une messe, c'est assez pénible (même quand on ne suit rien).

La mariée arrive enfin, tout le monde se rassoit : j'ouvre alors le buffet.

Accueil par le Pasteur : slurp, 1ère compote...

Chant de transition : slurp, 2ème compote...

Lecture : allez, j'ouvre délicatement le 1er paquet de gâteaux que Nain m'arrache des mains avec avidité. Scrounch, scrounch. "A pu gâto". "Oui, ben ca devrait aller là non?"

Nain se rassoit (euh oui, j'ai oublié de préciser qu'il a pris son goûter par terre), observe avec attention les vitraux et chuchote à mon oreille de regarder les étoiles qui tapissent le plafond. Haaaaa, quel soulagement de savoir que mon fils n'est pas insensible à la majesté de lieux sacrés!!

Le prêche peut commencer, tout est un-der-con-trol...

Et puis voilà, c'était trop beau pour être vrai. Nain baisse la tête pour réussir à attrapper son zizi et découvre... avec stupeur... que oui... il reste encore 1 paquet de gâteaux... Mmmmerrrrddeeeuuuu.... Trop tard, impossible de le cacher en vitesse, nous sommes en plein sermon, à quelques mètres des mariés, je suis obligée de dégainer mon arme secrète avant que le ton monte. Je décoche mon plus large sourire à mes voisins de rangée et agite les-dits gâteaux sous le nez d'un Nain en transe. Scrounch-scrounch, z'ont pas fait long feu les biscuits...

Bilan de l'opération "neutralisation à la messe" : nous n'en sommes qu'à la moitié de l'office et Nain entame déjà la phase 1 du nervous breakdown. J'ai épuisé toutes mes réserves de nourriture, nous sommes coincés au milieu d'une tranchée, les regards désapprobateurs fusent et Mari, mon seul allié possible, parti à la rescousse d'un témoin qui n'arrivait pas à garer sa voiture, n'a pas pu nous rejoindre avant que ne commence la cérémonie.... Cruel destin...

A la messe comme à la guerre, je rassemble mes forces, retiens mon souffle, prend Nain sous le bras, soulève ma robe jusqu'au genoux et tente une sortie ultime. Hurrreeeyyy!!! Victoire!!! Nous nous extirpons du rang la tête haute pour filer direct au fond de la salle où je retrouve Mari et d'autres parents aussi vernis que nous.

Je ne voudrais pas être pessimiste, mais si Nain se fait bientôt baptiser et qu'il doit rester en place plus de 45 minutes, va falloir prévoir un bon stock de bouffe.... à défaut d'une bonne éducation...