C'est non sans une certaine émotion que nous avons donc repris l'Eurostar hier soir après 3 mois d'absence (c'est la faute au feu qui a cramé le tunnel). D'autant plus que la compagnie de Mari a la gentillesse de nous offrir le billet AR en Business et ça, pour tout le monde. Même pour Nain.
"Veinards!" me direz-vous.
Haaaaa, oui!! La Business en Eurostar... On pense lounge cosy avec boissons gratos, apéro servi sur petits napperons blancs, plateau repas servi à table avec plat CHAUD et vin à gogo, personnel de bord accueillant et souriant, voyageurs de grande classe le Blackberry toujours greffé sur le lobe de l'oreille. Sur le papier, c'est le pied intégral.
C'est sans compter sur les familles qui ont l'audace de voyager dans le même wagon des soi-disant businessmen... Oui. Nous. Car en plus des petits canapés, Mari, Nain et moi, quand on voyage en Business, on fait profiter aux autres voyageurs notre joyeuse vie de famille ponctuée de "ssshhhhhhhuuuuuut", "Popo! Popo!", "Arrrrrêêêêêteu de courir dans le couloir"!!
Un dîner spectacle en 3 actes.
Acte 1. L'entrée sur Scène
Pour plus de facilité, Mari réserve toujours un carré pour nous 3.
4 places pour une famille de 3, il reste toujours 1 place de dispo pour un heureux gagnant. Ha, si vous imaginiez la tête du malheureux qui, confortablement installé dans LE carré, rêvant par la fenêtre, voit débarquer notre petite famille... Les sentiments plus intenses animent son visage cerné : la surprise, puis l'angoisse, enfin la panique se lit sur son visage. Le gars, en même pas 10 secondes, il imagine déjà toutes les atrocités sonores que Nain va lui faire subir.
L'homme soulève la tête et cherche désespérément du regard un stewart qui pourra le sortir de ce piège et lui proposer une place libre ASSEZ éloignée de nous...
Trop taaaaaard! Mari s'est déjà installé à côté de lui avec son plus beau sourire. Le sourire du "T'es coincé mon gars. A moins de passer pour un homme cruel et marmot-phobe, tu vas devoir passer tes 2h40 prochaines heures avec nous!! Tu vas a-do-rer!".
Résigné, l'homme se recale donc dans son siège et plonge la tête illico dans sa sacoche à la recherche d'un journal libérateur et suffisemment chiant pour lui faire oublier notre présence.
Acte 2. L'entracte Plateau-repas
Gling gling. Haa, le chariot bourré de boissons et autres clapiotes arrive.
2 jus de tomates pour les parents, 1 jus de pomme pour Nain et un whisky sec pour notre "invité".
Stewart : "Et le petit? Il va prendre un plateau?"
Mari-zaza en coeur : "Ouiii, bien sûr!! Une salade au céleri, du boeuf braisé avec des endives et un gâteau au gingembre, vous ne pouviez pas lui faire plus plaisir!!"
Et vlan, Nain repousse tout d'un geste ferme et entame les premières gammes pour chauffer sa voix... Peu mécontents de faire fi sur nos principes d'éducation ("Tu vas manger ce qu'il y a dans ton assiette!!", "T'as intérêt à TOUT finir!") sous prétexte de ne pas déranger nos compagnons de voyage, on dégaine le pain complet, la motte de beurre et zou, le tout dans le gosier d'un Nain transi.
Nain nage dans le bonheur, car il sait que le moment d'entrer en scène arrive.
Jouant sur la double culpabilité de ses parents (celle d'être de pathétiques éducateurs et celle de perturber la tranquillité de voyageurs peu affables), le seuil des "100 minutes assis sans bouger" étant largement dépassé, il sait que le Moment est venu.
Celui de foutre les boules à ses parents....
Acte 3. le Final
S'extirpant sans difficulté de son siège, Nain recouvre enfin l'usage de ses membres et de ses cordes vocales. Et nous aussi.
Nain court? Nous lui courons après! Nain crie? Nous crions encore plus fort pour qu'il se taise! Nain veut ouvrir la porte? Nous faisons valser la porte automatique dans un mouvement incessant de psscchh-psscchh. Nain se cache sous le siège des voisins? Nous nous aplatissons pour aller le récupérer. Nain veut aller aux toilettes? Hurrey, nous en profitons pour faire de même!
Haa, quoi de plus attendrissant que le va-et-vient d'un enfant dans le couloir, ses parents stressés à ses basques qui font au final encore plus de tapage que leur propre progéniture??
Alors oui bien sûr, nous ne sommes pas des monstres égoïstes et nous avons déjà passé nos voyages dans le sas ou à la cafette à tour de rôle pour ne pas "déranger" les autres voyageurs.
Et c'est à ce moment que toutes nos parades deviennent illogiques : nous nous auto-punissons d'avoir un enfant qui ne se comporte toujours pas comme un adulte, on préfère se cacher que d'avoir à subir les regards désapprobateurs des autres voyageurs, nous baffouons notre légendaire patience, la base même de toute éducation, pour ne pas atteindre écorner le Seuil de Tolérance des autres. En 2h30 de trajet, on arrive à faire tout le contraire qu'à la maison!
L'arrivée en gare est un véritable soulagement et on laisse généreusement descendre les businessman en premier, pressés sûrement de retrouver leurs familles!!!
Le seul qui est resté zen au final, c'est Nain. Car Nain, le regard des autres, il en a rien mais alors rien-à-branler.
On devrait surement faire pareil.
Du moment que la mère ne se met pas à faire de la trotinette dans le couloir de l'Eurostar, que mari n'emporte pas ses toiles érotiques en voyage, tout va bien... jusqu'ici tout va bien...
RépondreSupprimerca me semble tres proche d un tres bon voyage tout ca ... (pas de retard de 4H, pas de nain qui fait un plongeon sur un accoudoir la tete la premiere etc...)
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